23 Avr Arthrodèse lombaire d’un niveau : une perte de mobilité bien moindre qu’on l’imagine
L’arthrodèse lombaire est une intervention chirurgicale qui vise à fusionner deux vertèbres du bas de la colonne afin de stabiliser les vertèbres et soulager les douleurs chroniques, souvent invalidantes. Bien que cette intervention puisse inquiéter certains patients, qui craignent une perte de mobilité importante, les études et les observations cliniques montrent que la réalité est bien plus rassurante.
Lorsqu’elle est pratiquée sur un seul niveau lombaire, la perte de mobilité demeure minime et n’a qu’un impact limité sur la vie quotidienne.
Pourquoi pratiquer une arthrodèse lombaire ?
L’arthrodèse lombaire est indiquée dans plusieurs cas de pathologies de la colonne vertébrale, telles que :
- La discopathie dégénérative, lorsque les disques intervertébraux sont altérés et provoquent des douleurs chroniques.
- Le spondylolisthésis, un glissement d’une vertèbre sur une autre.
- Certaines fractures vertébrales instables.
- Les déformations importantes du rachis, comme certaines scolioses.
L’objectif de l’intervention est de stabiliser la colonne en bloquant un segment rachidien, supprimant ainsi les mouvements douloureux et sources d’instabilité.
Chirurgie mini-invasive d’arthrodèse lombaire avec Navigation 3D
Un impact limité sur la mobilité globale
Lorsqu’une arthrodèse est réalisée sur un seul niveau (c’est-à-dire entre deux vertèbres adjacentes), l’impact sur la mobilité est relativement faible, car le rachis lombaire compte 6 disques mobiles (T12-L1 à L5-S1).
L’utilisation de technique de microchirurgie ou de chirurgie mini invasive permettent aussi de limiter les dégâts musculaires, de raccourcir la durée de la convalescence et de faciliter ainsi la conservation de la mobilité.
Compensation par les segments adjacents
Le reste de la colonne vertébrale compense largement cette perte. Les segments adjacents prennent en charge une partie des mouvements initialement assurés par l’articulation fusionnée. Cette adaptation est souvent suffisante pour que le patient retrouve une mobilité quasi normale au quotidien.
Les hanches jouent aussi un rôle fondamental dans la compensation de cette perte de mobilité. La flexion du tronc est en effet principalement assurée par ces articulations, c’est pour cette raison qu’il est fondamental, avant toute chirurgie d’arthrodèse lombaire, de faire un bilan au moins clinique de la mobilité des deux hanches, et de traiter éventuellement en priorité, une arthrose de hanche douloureuse et enraidissante.
Prothèse de hanche mise en place avant une chirurgie du rachis pour une coxathrose douloureuse et enraidissante.
Maintien des activités quotidiennes
De nombreux patients rapportent qu’ils peuvent marcher, s’asseoir, se baisser et effectuer la plupart des activités habituelles sans ressentir de gêne majeure. Seuls certains mouvements extrêmes, comme les torsions intenses ou les flexions profondes, peuvent être légèrement limités (Glassman et al., 2009).
Le rôle crucial de la rééducation
Après une arthrodèse lombaire, un programme de rééducation est essentiel pour optimiser la récupération. Les kinésithérapeutes mettent en place des exercices ciblés pour renforcer les muscles du tronc et améliorer la stabilité de la colonne.
- Renforcement musculaire et proprioception : Le gainage et les exercices de proprioception permettent de compenser la perte de mobilité en améliorant le contrôle postural et la stabilité.
- Retour progressif aux activités sportives : avec un suivi adapté, de nombreux patients peuvent reprendre des activités physiques, y compris certains sports comme la natation, le vélo ou la marche rapide. Les sports à fort impact comme le rugby ou le football peuvent être plus délicats à reprendre mais la majorité des patients retrouvent une vie active.
Des bénéfices qui surpassent les inconvénients
En définitive, la peur d’une perte de mobilité excessive ne doit pas être un frein à l’arthrodèse lombaire lorsque l’indication est bien posée.
La suppression des douleurs chroniques et la stabilisation de la colonne offrent un confort de vie largement supérieur à l’inconvénient d’une réduction minime de la mobilité.
Une prise en charge précise, une rééducation adaptée et un suivi médical attentif permettent aux patients de retrouver une qualité de vie satisfaisante. Ainsi, loin des idées reçues, l’arthrodèse lombaire sur un seul niveau n’est pas synonyme d’une immobilité importante, mais plutôt d’un soulagement efficace avec une autonomie préservée.
Références
- Ekman, P., et al. (2005). « Clinical outcome of lumbar fusion in chronic low back pain. » Spine.
- Glassman, S. D., et al. (2009). « The impact of lumbar fusion on health-related quality of life. » Spine Journal.
- Ghiselli, G., et al. (2004). « Adjacent segment degeneration in the lumbar spine. » Journal of Bone and Joint Surgery.
- Ha, K. Y., et al. (2017). « The effects of one-level lumbar fusion on segmental motion and lumbar balance. » European Spine Journal.
- Lee, C. S., et al. (2015). « Changes in sagittal alignment after lumbar fusion. » Clinical Orthopaedics and Related Research.
- Mayer, T. G., et al. (2008). « Functional outcomes of lumbar arthrodesis. » Journal of Spinal Disorders & Techniques.
- Schroeder, G. D., et al. (2016). « Rehabilitation following lumbar spinal fusion. » Neurosurgical Focus.