Myélopathie cervicale

Qu’est-ce qu’une myélopathie cervicale ?


 

La myélopathie cervicale correspond à une atteinte de la moelle épinière au niveau des vertèbres cervicales.

 

C’est un terme global qui va regrouper les causes médicales regroupées sous le nom de myélite (sclérose en plaque, myélite transverse, vascularites) et les causes compressives d’origine dégénératives ou traumatiques.

 

La myélopathie est dite “arthrosique” lorsqu’elle est secondaire à des lésions d’arthrose et on parle alors de myélopathie cervico-arthrosique.

 

La moelle épinière est très fragile et toute lésion peut entraîner des dégâts irréversibles. Dans la quasi-totalité des cas de myélopathie en rapport avec un phénomène compressif, un avis chirurgical est nécessaire.

Quelles sont les causes de myélopathie cervicale ?


 

On peut distinguer les causes dégénératives qui sont les plus fréquentes des causes traumatiques (entorse et fracture), tumorales, infectieuses ou inflammatoires.

 

Seules les causes mécaniques et compressives rentrent dans le champ de compétence du chirurgien du rachis.

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Les causes dégénératives sont les plus fréquentes.

 

Le vieillissement de la colonne vertébrale cervicale aboutit à des lésions dégénératives qui entraînent un retentissement sur la moelle épinière et sur les nerfs.

 

Ces lésions sont :

  • des hernies discales molles ou calcifiées
  • des éperons arthrosiques (becs de perroquet ou barres disco-ostéophytiques)
  • un glissement des vertèbres (spondylolisthésis) ou une hyper-mobilité (instabilité)
  • un épaississement ou des calcifications des ligaments vertébraux
  • un kyste articulaire postérieur développé aux dépens des articulations.

 

Ces phénomènes combinés provoquent ensemble un rétrécissement du calibre du canal rachidien ou des trous par lesquels les nerfs sortent de la colonne vertébrale (les foramens)…

 

 

Quels sont les symptômes de la myélopathie cervico-arthrosique ?


 

Les symptômes de la myélopathie cervico-arthrosique sont liés à trois types d’atteinte :

  • le syndrome rachidien
  • le syndrome lésionnel
  • le syndrome sous-lésionnel

 

Le syndrome rachidien

 

Les lésions d’arthrose sont à l’origine de la compression de la moelle épinière et des nerfs mais elles donnent aussi en général des douleurs cervicales et dorsales. Ces douleurs cervicales ne sont pas spécifiques de cette pathologie mais ont souvent un horaire mécanique, c’est à dire qu’elles sont aggravées par les efforts.

Le syndrome lésionnel

 

Il correspond aux troubles neurologiques localisés à l’étage de la compression de la moelle et des nerfs.

 

Il s’agit essentiellement des symptômes d’une névralgie cervico-brachiale. Chaque nerf rachidien peut être schématisé comme une autoroute à 3 voies, véhiculant la motricité, la sensibilité et la douleur pour un territoire spécifique.

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Une compression d’un nerf peut donc donner :

 

  • une atteinte motrice : l’atteinte est alors sévère. Une parésie, une paralysie, une maladresse par baisse de force peuvent s’observer. Le patient lâche alors les objets, a du mal à écrire et à effectuer d’autres gestes simples de la vie quotidienne comme boutonner sa chemise.

 

  • une atteinte douloureuse : c’est la névralgie cervico-brachiale. La douleur électrique part du cou pour se diriger vers l’épaule, le bras, le coude, l’avant-bras la main et les doigts.

 

  • une atteinte sensitive : le patient perd de la sensibilité avec un sentiment de peau cartonnée, souffre  de picotements ou d’une sensation désagréable de crampes. l’effleurement de la peau.

Le syndrome sous-lésionnel

 

La compression de la moelle épinière retentit sur toute la zone sous cet écrasement, un peu comme un barrage sur un fleuve.

 

La marche est alors perturbée avec des pertes d’équilibre, des chutes et une fonte des muscles liée à la baisse d’activité. Le périmètre de marche est réduit et le patient s’aide parfois d’une ou deux cannes ou d’un déambulateur dans les formes très évoluées.

En général, il n’y a que peu de douleurs des membres inférieurs comme une sciatique ou une cruralgie.

 

Tardivement, on observe aussi des troubles vésico-sphinctériens avec une envie pressante ou des difficultés à uriner. Les troubles de l’érection sont souvent présents mais peuvent aussi être causés par d’autres pathologies associées liées au vieillissement de l’organisme.

Comment évolue la pathologie sans traitement chirurgical ?


 

Il est admis qu’avec le temps la pathologie a tendance à se dégrader, parallèlement à l’évolution de l’arthrose et à la compression de la moelle épinière.

Cette évolution est en règle générale très lente et insidieuse, ce qui amène souvent les patients à consulter tardivement ou à repousser l’échéance d’une intervention chirurgicale. La situation se dégrade donc progressivement avec une aggravation des troubles de la marche, une maladresse ou une faiblesse des membres supérieurs.

 

La moelle épinière cicatrice cependant très mal et toute dégradation augmentera le risque de séquelles lorsque la prise en charge chirurgicale sera décidée.

 

L’autre problématique est la possibilité de dégradation post-traumatique. A l’occasion d’une chute bénigne ou d’un traumatisme violent, notamment en extension, la moelle épinière se trouve brutalement comprimée, et le canal d’ores et déjà rétréci ne lui offre plus d’espace de sécurité.

 

La pathologie s’aggrave brutalement avec une perte de la fonction des bras et des jambes de façon transitoire ou permanente, complète ou incomplète. La chirurgie est alors obligatoire mais le patient et son entourage ne sont pas aussi bien préparés à l’intervention et à la convalescence et le taux de séquelles est bien plus élevé.

 

Si la compression est très haut située, des troubles respiratoires peuvent apparaître mais c’est généralement de très mauvais pronostic.

 

 

Comment se déroule l’entretien avec le chirurgien et l’examen clinique ?


 

Le plus souvent, le patient se plaint de douleurs du cou et des bras, d’une faiblesse des jambes avec des troubles de l’équilibre et de la marche.

 

Le médecin l’interroge alors sur l’ancienneté et l’historique des symptômes.

 

L’examen clinique s’attache ensuite à rechercher un trouble moteur (une faiblesse ou une paralysie) ou sensitif (insensibilité ou hyper-sensibilité), au niveau des bras mais aussi au niveau des jambes. On cherchera aussi des signes neurologiques d’irritation de la moelle épinière au niveau des mains et des pieds (syndrome pyramidal) ainsi que des troubles vésico sphinctériens (notamment une impuissance, parfois précoce dans la symptomatologie).

 

En cas de forte crise, l’examen peut être incomplet car la douleur va perturber la mobilité du patient, en dehors de toute faiblesse réelle.

 

 

Myélopathie cervico-arthrosique : examen(s) d’imagerie


 

Le seul examen qui permet de poser le diagnostic de myélopathie cervico-arthrosique est l’IRM (imagerie par résonance magnétique).

 

C’est  l’examen de référence pour l’étude en imagerie des structures neurologiques comme la moelle épinière ou les nerfs rachidiens. La réalisation d’une IRM est contre-indiquée en cas de corps étranger métallique (ex: éclat dans les yeux) mais la majorité des dispositifs médicaux implantables (prothèses, vis, …) sont actuellement compatibles.

L’IRM va permettre d’authentifier le rétrécissement du canal rachidien avec une compression de la moelle épinière mais va surtout mettre en évidence une souffrance de la moëlle épinière.

 

La perturbation temporaire ou définitive du flux sanguin vers la moelle épinière ou les traumatismes causent des lésions qui se traduisent sur l’IRM par l’apparition d’une zone blanche au milieu de la moelle épinière, habituellement noire.

 

Une inflammation des vertèbres à proximité des disques s’analyse aussi sur l’IRM et peut expliquer des douleurs cervicales insomniantes avec une sensation de dérouillage matinal.

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Hernie discale cervicale responsable d’une myélopathie cervicale

Le scanner (ou tomodensitométrie) est l’examen de référence pour l’étude de l’os. Il n’existe aucune contre-indication à la réalisation d’un scanner.

 

Le scanner est essentiel dans le bilan de cette pathologie car il met en évidence plus précisément la sévérité de l’arthrose que l’IRM, ce qui est indispensable avant une éventuelle opération. La technique opératoire doit en effet être adaptée à la topographie de la compression et à la nature des éléments compressifs.

 

Ces deux examens, IRM et scanner, sont complémentaires pour cette pathologie.

 

L’IRM étudie mieux les nerfs et la moelle épinière et le scanner étudie mieux l’arthrose et l’os.

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Les radiographies permettent d’analyser l’architecture globale de la colonne. Les radiographies dynamiques (la patient fléchit et étend le cou pendant l’examen) permet de dépister une instabilité entre deux vertèbres, c’est à dire un glissement mobile entre la flexion et l’extension. Ce phénomène est provoqué par l’usure des disques et des articulations.

Le dépistage d’une instabilité est indispensable pour le chirurgien qui doit vous opérer car il devra adapter sa technique opératoire en fonction de cet élément.

 

 

Quels sont les autres examens à réaliser ?


 

L’électromyogramme

 

C’est un examen électrique effectué par un neurologue, qui peut être très utile dans le cadre du bilan d’une névralgie cervico brachiale et d’une myélopathie cervico arthrosique.

Il étudie plus directement “les autoroutes” des nerfs qui cheminent de la moelle épinière vers les muscles ou vers la peau.

Les nerfs se comportent comme des câbles électriques et le neurologue va donc utiliser une machine pour analyser le passage du courant électrique, appelé “influx nerveux”.

Cela se fait au moyen d’autocollants collés sur la peau ou d’aiguilles fines plantées en surface.

 

Cet examen permet de déterminer quel nerf s’est écrasé mais aussi d’en apprécier la sévérité, notamment sur le plan de vue sensitif ou moteur.

 

Un nerf peut aussi être écrasé en dehors de la colonne vertébrale (compression au niveau du défilé cervico-thoracique, du coude ou du canal carpien) ou être atteint par une maladie neurologique sans compression associée (neuropathie diabétique, maladie de Lyme, …).

 

Les potentiels évoqués moteurs et somesthésiques

 

C’est aussi un examen électrique qui étudie plus directement “les autoroutes” de la moelle épinières qui cheminent de haut en bas (la motricité) et de bas en haut ( la sensibilité, la douleur, l’équilibre, le chaud et le froid).

 

Potentiels évoqués de la sensibilité (PES):  on stimule un nerf du poignet ou des jambes par une petite décharge électrique inoffensive  et on la suit en plaçant des petits capteurs  à différents niveaux.

 

 

Potentiels évoqués moteurs (PEM) : on provoque une brève excitation d’une partie du cerveau commandant les muscles en utilisant un champ magnétique. Cette impulsion excite les nerfs  moteurs qui vont provoquer un mouvement au niveau des bras et des jambes, que l’on va mesurer.

Cet examen est inoffensif mais pas très agréable. Il est cependant souvent très utile au chirurgien dans les cas complexes de myélopathie cervico-arthrosique.

 

 

Quel est le traitement d’une myélopathie cervico-arthrosique ?


 

Dans les formes débutantes, le chirurgien peut décider de surveiller le patient par des IRM ou des potentiels évoqués effectués à intervalles réguliers.

 

Habituellement, une intervention chirurgicale est proposée si la myélopathie est constituée, avec une compression sévère de la moelle épinière.

 

Plusieurs modalités techniques existent mais l’élément systématique est la libération de la moëlle épinière, éventuellement associée à une arthrodèse rachidienne.

Selon le type, la localisation et l’étendue de la compression médullaire, une voie d’abord antérieure, sur la face avant du cou, ou une voie d’abord postérieure peut être utilisée.

 

Les interventions chirurgicales disponibles sont donc :

  • antérieures: libération de la moelle épinière à travers l’espace du disque (arthrodèse trans-discale) ou en enlevant un morceau de vertèbre (corporectomie)
  • postérieures : laminectomie (avec ou sans arthrodèse), laminoplastie vertébrale