Laminectomie et laminoplastie cervicale

Une compression de la moëlle épinière au niveau des vertèbres cervicales nécessite impérativement un élargissement du canal rachidien.

Même si le plus souvent une voie antérieure (par l’avant du cou) est préférée, le chirurgien du dos (chirurgien orthopédiste du rachis ou neurochirurgien) va préférer dans certains cas une voie d’abord postérieure, c’est-à-dire par l’arrière du cou.

C’est notamment le cas pour les compressions très sévères ou très étendues de la moëlle épinière (myélopathie cervico-arthrosique).

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Compression de la moelle épinière traitée par laminectomie cervicale : le coron noir est la moelle épinière, elle retrouve après l’intervention (à droite) un liseré périphérique de liquide (en blanc) qui la protège.

L’intervention comporte toujours un temps d’élargissement du canal rachidien (laminectomie ou laminotomie) mais souvent aussi un temps de stabilisation de la colonne vertébrale, soit par une arthrodèse (avec des vis), soit en refixant les lamelles osseuses écartées (laminoplastie).

Cette phase facultative de stabilisation a pour objectif de diminuer les douleurs musculaires et d’éviter dans certains cas que les vertèbres glissent (spondylolisthésis cervical).

Comment se passe une laminectomie cervicale ?


 

L’intervention se déroule sous anesthésie générale, en décubitus ventral, c’est-à-dire sur le ventre.

Un des principaux risques de cette position est la compression des yeux et comme la tête est sous les champs opératoires, sa position est difficilement contrôlable en permanence.

Pour cette raison, on utilise le plus souvent un clan crânien. Il est constitué d’un demi-cercle et de trois petites pointes métalliques jetables qui viennent se fixer délicatement sur la surface des os du crâne. Un repère dynamométrique (mesure de la force) permet de contrôler la puissance du serrage.

Cela semble impressionnant mais cet halo crânien est positionné sous anesthésie générale et les patients n’en gardent aucun souvenir, hormis 3 petites croutes dans les cheveux qui tombent au bout de quelques jours.

Les complications sont vraiment exceptionnelles et la sécurité chirurgicale est optimale.

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Installation en décubitus ventral avec clan crânien.

Quelle est la voie d’abord chirurgicale ?


 

L’abord chirurgical se fait par voie postérieure, en écartant les muscles du cou. Ces masses musculaires sont très volumineuses et ce temps opératoire peut être assez long pour être soigneusement effectué.

C’est ce qui rend cet abord plus douloureux qu’une voie d’abord antérieure (c’est-à-dire par l’avant du cou.) En effet, aucun muscle majeur n’est en effet coupé ou désinséré par l’avant.

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Laminoplastie : l’arc postérieur est soit ouvert soit basculé pour élargir le canal cervical.

Par voie postérieure, une fois que les masses musculaires ont été écartées, il faut ouvrir la vertèbre par l’arc postérieur (les lames et l’épineuse), pour élargir le canal.

Plusieurs techniques existent et permettent de redonner de la place à la moelle épinière pour lui permettre de reculer.

L’arc postérieur est soit retiré (laminectomie cervicale) soit ouvert et refixé (laminoplastie cervicale).

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Fixation de la lame en position basculée après avoir ouvert le canal rachidien.

Surveillance d’une laminectomie cervicale par potentiels évoqués


 

Cette intervention se réalise sous contrôle des potentiels évoqués, c’est-à-dire sous contrôle de l’activité de la moelle épinière pendant l’intervention. Un très faible courant électrique est envoyé entre des électrodes mises dans le cuir chevelu et d’autres placées sur les jambes. L’étude du passage de ce courant permet de contrôler l’intégrité de la moelle épinière.

Cependant, la compression initiale peut être tellement sévère que ce courant passe déjà très mal, ce qui peut rendre l’analyse plus délicate.

 

Quelles sont les indications habituelles des laminectomies cervicales ?


 

Les laminectomies cervicales sont plus utiles dans les compressions de la moelle épinière (myélopathie cervico-arthrosique) que dans la compression des nerfs (névralgie cervico-brachiale). En effet, la libération par laminectomie se fait par un élargissement postérieur du canal mais ne vient pas traiter efficacement la compression d’un nerf lors de sa sortie du canal rachidien par le foramen.

 

Une compression de la moelle épinière, quelle qu’en soit l’origine est une indication formelle à un geste de libération car la moelle est une structure neurologique de type “centrale”, comme le cerveau, et récupère très mal.

 

Cette compression peut être de nature :

  • arthrosique (myélopathie cervico-arthrosique)
  • tumorale (métastase vertébrale)
  • infectieuse (tuberculose, staphylocoque doré..)
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Surveillance électrique de l’activité neurologique pendant une intervention chirurgicale

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Hernie discale cervicale comprimant le nerf dans le foramen.

Quelles sont les suites opératoires habituelles d’une laminectomie cervicale ?


 

La douleur est le facteur essentiel conditionnant les suites opératoires. Lors de l’intervention, un puissant anesthésique local est injecté dans les muscles et sous la peau afin d’inhiber la douleur pendant les premières heures. Les médicaments par les veines puis par voie orale prennent rapidement le relais.

Le patient est levé le jour même de l’intervention, sous couvert d’un collier cervical mis en place à visée antalgique. Celui-ci n’est le plus souvent pas nécessaire en position assise ou allongée. La durée de mise en place du collier dépend des douleurs et de la solidité de l’os si du matériel a été mis en place.

Un drain redon (petit tuyau) est mis lors de l’intervention pour éviter qu’un hématome se forme. Dès que le saignement diminue, celui-ci est retiré. La sortie au domicile peut donc être envisagée et le retour se fait soit en ambulance, soit en véhicule personnel.

Une visite de contrôle est prévue 4 à 6 semaines après l’intervention. Dans l’intervalle, un arrêt de travail est prescrit et les longs trajets en voiture doivent être proscrits. Il n’est pas possible de reprendre immédiatement la conduite.

La marche est autorisée, si possible au début par périodes de 20 minutes plusieurs fois par jour pour fractionner les efforts. Les escaliers sont autorisés et la position assise est libre.

 

Quels sont les risques de cette intervention ?


 

Les complications de ce type d’intervention sont rares mais se doivent d’être clairement expliquées au patient, même en cas de survenue exceptionnelle.

 

  • La douleur cutanée ou musculaire au niveau de la cicatrice et de la voie d’abord :

L’ouverture même minime des muscles provoque toujours un petit saignement et parfois la cicatrice peut gonfler. La situation rentre toujours dans l’ordre et il n’y a pas lieu de s’inquiéter en l’absence d’écoulement, de fièvre ou de douleur minime calmée par les antalgiques simples.

 

  • Les infections nosocomiales :

Comme toute intervention chirurgicale, le risque d’infection nosocomial existe. Il est lié le plus souvent à des bactéries qui sont présentes sur la peau du patient et qui pénètrent par la cicatrice. Ces infections sont donc très majoritairement superficielles qui ne vont pas au contact du matériel.

En cas de doute, il est fondamental de ne pas prendre d’antibiotique, même en crème, avant d’avoir contacté votre chirurgien.

 

  • Les complications neurologiques :

L’abord chirurgical expose la moelle épinière. Un risque neurologique sur la moelle épinière existe et peut aboutir dans les cas les plus graves à une tétraplégie, temporaire ou définitive, avec des troubles vésico-sphinctériens. Il s’agit d’une complication exceptionnelle, surtout avec une surveillance  électrique par potentiels évoqués moteurs.

D’autres complications à type de déficit moteur ou sensitif peuvent aussi survenir, comme dans toute intervention de chirurgie de colonne vertébrale.

Par exemple, il est occasionnel d’observer une aggravation transitoire d’une souffrance médullaire lors de la libération. Lorsque la moelle épinière est comprimée, il existe une dévascularisation qui se traduit par des “taches blanches” sur l’IRM. On appelle cela la myélopathie. Une fois libérée, le sang revient à plus haut débit dans la moelle épinière et peut créer ce qu’on appelle des “lésions de reperfusion”, pouvant donner une aggravation neurologique transitoire, même en l’absence de toute complication pendant le geste opératoire. Ces troubles sont habituellement régressifs. Cette complication potentielle ne doit en revanche pas s’opposer à la programmation d’un geste chirurgical car l’évolution sans traitement d’une compression médullaire est habituellement toujours plus dramatique.

 

  • La pseudarthrose:

Les arthrodèses ont pour objectif de coller les vertèbres entre elles. La greffe est faite d’os naturel ou synthétique et va venir coller entre elles les vertèbres de façon définitive, lorsque l’os du patient viendra coloniser cette greffe. Elle est complétée de vis et de tiges pour tenir l’os le temps que la greffe prenne.

C’est un processus long qui dure parfois 12 à 18 mois. La reprise des activités est cependant beaucoup plus précoce et se fait en règle générale au bout de 2 à 3 mois.

Parfois, l’os du patient n’arrive pas à coller entre elles les deux vertèbres, on parle alors de pseudarthrose.

Une nouvelle intervention chirurgicale peut-être nécessaire pour gratter à nouveau les vertèbres et mettre en place une nouvelle fois de la greffe. Ce type de greffe n’est pas comparable à une greffe de rein ou deux fois dans la mesure où il n’y a pas de rejet immunologique.

Le tabagisme est un facteur de risque important de pseudarthrose en diminuant le taux d’oxygène dans le sang.

 

  • Une phlébite :

La formation de caillots sanguins au niveau des jambes est une complication habituelle après la chirurgie. S’ils se détachent, ils peuvent se déplacer vers les poumons et causer une embolie pulmonaire. Le port de bas de contention et la marche sont donc recommandés après l’intervention, avec parfois la prescription de piqûres d’anticoagulants au retour au domicile.

 

Résumé du calendrier préopératoire et postopératoire


 

AVANT L’INTERVENTION

 

  • consultation avec le chirurgien pour caractériser la pathologie et définir la prise en charge chirurgicale, délai de reflexion
  • Consultation avec l’anesthésiste et formalités administratives (réservation de la chambre, consentement à l’intervention, dossier mutuelle)
  • Anticiper l’achat des médicaments et du matériel de pansements, les rendez-vous avec l’infirmière et le kinésithérapeute.
  • Vérifier son dossier d’hospitalisation (examens radiologiques et bilan sanguin)

 

L’INTERVENTION CHIRURGICALE

 

Hospitalisation la veille ou le matin de l’intervention puis sortie habituelle au bout de 2 à 3 jours.

 

APRÈS L’INTERVENTION

 

  • Retour au domicile le plus souvent en véhicule personnel, si nécessaire en taxi conventionné ou ambulance
  • Anticiper la douleur en prenant des antalgiques (pendant au moins 5 jours de façon systématique)
  • Arrêt de travail d’une durée ajustable en fonction des phénomènes douloureux (variable selon la sévérité de la fracture, la douleur résiduelle, l’exposition du métier aux efforts physiques et les temps de trajets)
  • Début de la rééducation (facultative) 6 à 8 semaines après l’intervention, plutôt centrée sur les bras et sur les jambes.
  • Première consultation de contrôle au bout de 4 à 6 semaines.