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Les lésions du rachis cervical observées au rugby : un enjeu majeur de santé publique

Le rugby, sport de contact par excellence, est souvent associé à des blessures physiques importantes, notamment au niveau du rachis cervical. Ces lésions, qui touchent les vertèbres cervicales, peuvent avoir des conséquences graves, allant de douleurs chroniques à un handicap permanent, voire à une tétraplégie complète et définitive. Comprendre les mécanismes de ces blessures, leurs symptômes et les moyens de prévention est essentiel pour protéger les joueurs et améliorer la sécurité sur le terrain.

 

Mécanismes des lésions cervicales au rugby

 

 

Les lésions du rachis cervical surviennent principalement lors de contacts violents, tels que les plaquages, les mêlées fermées ou les regroupements. Deux mécanismes principaux sont souvent en cause :

  1. Hyperflexion ou hyperextension: lors d’un plaquage, la tête peut être projetée brusquement vers l’avant (hyperflexion) ou vers l’arrière (hyperextension), traumatisant alors les vertèbres cervicales, les disques et les ligaments environnants. Cela peut provoquer des entorses, des hernies discales ou, dans les cas les plus graves, des fractures vertébrales.
  2. Compression axiale: en mêlée, les joueurs sont soumis à des forces de compression importantes. Si la tête est mal positionnée, ces forces peuvent se concentrer sur les vertèbres cervicales, provoquant des fractures ou des luxations. Ce type de blessure est particulièrement redouté car il peut endommager la moelle épinière et causer des dommages irréversibles.

 

Symptômes et diagnostic

 

Les symptômes des lésions cervicales varient en fonction de la gravité de la blessure. Ils peuvent inclure des douleurs localisées au niveau du cou, une raideur, des irradiations douloureuses dans les bras (signe d’une possible atteinte nerveuse comme une névralgie cervico brachiale), ou encore une perte de force ou de sensibilité dans les membres. Dans les cas les plus sévères, une paralysie partielle ou totale des bras et des jambes peut survenir.

Le diagnostic repose sur un examen clinique approfondi, toujours complété par des examens d’imagerie médicale tels que des radiographies, un scanner ou une IRM. Ces outils permettent d’évaluer l’étendue des lésions et de déterminer le traitement approprié (Fuller et al., 2008).

 

Prévention et prise en charge

 

La prévention des lésions cervicales est un enjeu majeur dans le monde du rugby. Plusieurs mesures ont été mises en place pour réduire les risques :

  1. Renforcement musculaire: un bon développement des muscles du cou et du dos peut aider à stabiliser le rachis cervical et à absorber les chocs.
  2. Technique de plaquage: les joueurs sont formés pour adopter des techniques de plaquage sûres, en évitant de plaquer avec la tête en première ligne. Les règles du jeu ont également évolué pour sanctionner les plaquages dangereux.

Placage dangereux au rugby pouvant aboutir à une tétraplégie.

  1. Sécurité en mêlée : les éducateurs et arbitres veillent à ce que les mêlées soient correctement formées et que les joueurs maintiennent une position adéquate pour minimiser les risques de compression axiale.

En cas de blessure, une prise en charge rapide est cruciale. Les joueurs suspectés de lésions cervicales doivent être immobilisés immédiatement et transportés vers un centre médical spécialisé. Le traitement peut inclure une immobilisation prolongée, une rééducation ou, dans les cas graves, une intervention chirurgicale.

 

Exemples de joueurs de haut niveau opérés du rachis cervical et ayant repris une carrière à haut niveau

 

Plusieurs joueurs de rugby de haut niveau ont subi des blessures graves au rachis cervical et ont réussi à reprendre leur carrière après une intervention chirurgicale et une rééducation intensive. Voici quelques exemples notables :

  1. Jonny Wilkinson: le légendaire demi d’ouverture anglais, connu pour son drop décisif en finale de la Coupe du Monde 2003, a subi plusieurs blessures au cours de sa carrière, dont des problèmes cervicaux. Malgré ces blessures, il a réussi à revenir au plus haut niveau et à continuer à jouer de manière exceptionnelle.

Jonny Wilkinson

 

Radiographies de Jonny Wilkinson opéré du rachis cervical

 

  1. Schalk Burger: le flanker sud-africain, vainqueur de la Coupe du Monde 2007, a subi une grave blessure cervicale en 2013 qui a nécessité une intervention chirurgicale. Après une longue rééducation, il a fait son retour sur les terrains et a continué à jouer au plus haut niveau, y compris en participant à la Coupe du Monde 2015.
  2. Jamie Roberts: le centre gallois, international et médecin de profession, a également subi des blessures cervicales au cours de sa carrière. Grâce à une prise en charge médicale adéquate et à une rééducation rigoureuse, il a pu reprendre sa carrière et continuer à jouer à un niveau compétitif.
  3. Rory Best: l’ancien capitaine de l’équipe d’Irlande et du Ulster a subi une intervention chirurgicale au niveau cervical en 2012. Après une rééducation réussie, il a repris sa carrière et a continué à jouer à un niveau international, participant notamment à la Coupe du Monde 2019.

 

Conclusion

 

Les lésions du rachis cervical représentent un risque significatif pour les joueurs de rugby. Bien que des progrès aient été réalisés en matière de prévention, la vigilance reste de mise. Une combinaison de formation, de respect des règles et de sensibilisation aux bonnes pratiques est essentielle pour protéger les athlètes et permettre à ce sport de rester à la fois compétitif et sûr. Les exemples de joueurs professionnels montrent qu’avec une prise en charge médicale adéquate et une rééducation rigoureuse, il est possible de revenir au plus haut niveau après une blessure cervicale grave.

 

Références scientifiques

 

 

Quels sont les critères de contrôle par IRM systématique préventifs pour obtenir une licence en Fédération Française de Rugby (FFR) ?

 

La Fédération Française de Rugby (FFR) a renforcé ses protocoles médicaux ces dernières années pour prévenir les risques de lésions cervicales graves, en particulier chez les joueurs exposés à des chocs répétés. L’IRM (Imagerie par Résonance Magnétique) systématique fait partie des outils préventifs envisagés ou déjà partiellement mis en œuvre pour évaluer l’intégrité du rachis cervical avant l’obtention d’une licence. Voici les critères et justifications potentielles pour un tel dispositif :

  1. Population cible
  1. Critères médicaux justifiant l’IRM
  1. Protocole d’imagerie recommandé
  1. Interprétation des résultats et contre-indications

Un comité médico-sportif (incluant radiologues, neurochirurgiens, et médecins du sport) évalue les clichés selon des seuils stricts :

  1. Complémentarité avec d’autres examens
  1. Références scientifiques et cadre réglementaire

 

Conclusion

 

L’IRM systématique préventive, ciblée sur les profils à risque, est un outil clé pour réduire les blessures cervicales catastrophiques.
En France, son implémentation progressive dans le cadre des licences FFR reflète une approche proactive, combinant prévention médicale et adaptation des pratiques sportives. Néanmoins, son coût et son accessibilité restent des défis, notamment pour les clubs amateurs.
Une harmonisation des protocoles européens, inspirée du modèle français, pourrait devenir un standard dans les années à venir.

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